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Lien intergénérationnel au travail : comment la mixité des âges donne plus de force collective ?

Si, au travail, vous résumez la différence d’âge au « clash » des générations, vous passez à côté de ce que le lien intergénérationnel a de plus précieux à offrir à un collectif : sa force et son équilibre. Un tour dans plusieurs services chez WiiSmile suffit à prendre conscience de l’évidence : la diversité d’âges au sein d’une équipe réconcilie la transmission des savoir-faire et l’acceptation des évolutions. 

Au travail, les « boomers » se distingueraient par leur « fort sentiment d’appartenance à l’entreprise », leurs collègues de la génération X seraient dotés « d’un sens aigu de la hiérarchie et de l’autorité », tandis que leurs homologues Y se trouveraient « dans une perpétuelle quête de sens », et que les « digital native » (génération Z) envisagent « la technologie comme une évidence ». Incompatibles ? 

A l’image des conclusions reprises dans plusieurs études, les analyses pleuvent pour caractériser (caricaturer ?) les quatre générations qui cohabitent actuellement au travail : baby-boomers (nés entre 1946-64), générations X (1965-79), Y (1980-96) et Z (1997-aujourd’hui). Ce grand écart culturel inédit en entreprise risque de durer avec le recul de l’âge de la retraite et la nécessité d’une meilleure intégration de l’emploi senior dans les politiques de recrutement. 

Au-delà de la cohabitation des âges : la coopération des différences

Une étude OpinionWay pour Indeed (« Les nouveaux rapports au travail et à l’entreprise », mai 2023) propose un descriptif peu reluisant des jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi et la façon dont ils sont perçus par leurs aînés. « Exigeants, très confiants en eux, parfois trop détendus, les nouveaux venus des générations Y et Z déconcertent les seniors qui les accueillent dans le monde de l’entreprise ». Les plus expérimentés constatent également que « leurs cadets partagent davantage leurs expériences professionnelles sur les réseaux sociaux (65 %) et que cela les influence négativement dans la relation à leur travail et à leur employeur (62 %) ».  

Selon la même étude, les jeunes générations observent quant à elles « une rigidité » chez leurs aînés, qu’ils perçoivent « plus lents et en décalage avec les nouvelles technologies » et « trop regardants » sur des sujets « sans importance » (notamment l’exigence de langue française).  

Ces idées reçues théoriques sur les frictions entre générations ne survivent pas longtemps à l’expérience de la diversité des âges, telle que nous la pratiquons au sein des équipes chez WiiSmile. Il suffit de pousser la porte des services qui vivent cette diversité – nous sommes allés à la rencontre des équipes Vacances-Voyages, Communication et Informatique – pour prendre conscience de tout ce qu’elle apporte.

SOPHIE

« Quand je suis arrivée dans l’équipe Voyage, j’étais un peu tétanisée : mes collègues sont toutes très jeunes et il régnait une atmosphère un peu teenager. Je craignais de beaucoup détoner avec mes 50 ans passés. Et puis les outils de travail, les logiciels étaient compliqués pour moi : bref, j’avais tout du boulet. Je venais de passer 3 ans dans une administration française austère, sans lien, sans sourire et sans enthousiasme. J’ai été agréablement surprise de trouver dans l’équipe une vraie fraicheur, beaucoup de spontanéité et une vraie entraide aussi. Dans une agence de voyage c’est très important l’entraide car on est face à de nombreuses situations qui stressent les clients et on est en première ligne pour les rassurer et trouver des solutions. Très rapidement, j’ai senti que j’allais apporter autre chose. Bien sûr, j’ai encore quelques ratés avec la technique mais je suis posée, j’ai l’expérience de la relation client et le fait d’avoir une plus grande expérience de la vie me permet de prendre du recul plus facilement. »

« Sophie a apporté beaucoup de maturité et d’apaisement à notre équipe. Quand on nous a dit qu’elle arrivait à l’agence, en janvier dernier, on a d’abord eu peur pour elle car c’est une période très intense à l’agence. On ne voulait pas qu’elle se décourage. Alors on a fait le maximum pour que cela lui paraisse jouable. Et elle nous a très vite impressionnées ! Elle parle calmement, elle a les mots justes, elle peut avoir la pire des situations avec un passager en perdition qui ne sait plus quoi faire et s’énerve car il est inquiet, elle va lui parler calmement, le rassurer comme une maman et la tension s’apaise. Souvent quand elle parle aux adhérents, on s’arrête toutes pour s’inspirer de sa manière de conseiller et de calmer. »    

« Quand je recrute quelqu’un je m’attache en premier à sa personnalité. Et je me demande systématiquement ce que la personne peut apporter à l’équipe. Chez Sophie, il y avait une belle énergie, une volonté forte de travailler sein de l’agence, beaucoup de maturité et une expérience différente. C’est ce qui m’a convaincue et j’ai bien fait.Au sein d’une équipe soudée, les différences d’âge transforment le lieu de travail en un espace d’apprentissage et de soutien mutuels. »

« Benjamin est très dynamique, spontané, joyeux volontaire, il a très envie de faire, de tout casser. Ça tombe bien, j’ai besoin de personnes qui veulent faire bouger les choses. Il m’arrive de n’avoir pas envie de refaire tel ou tel ‘dev’ parce que j’ai un background qui me fait dire ‘oh non ça va être long et pénible’ mais lui n’a pas cette vision, il est tout neuf et c’est vraiment chouette. On a des métiers qui ne permettent pas de penser tout savoir, il faut savoir se remettre en question, chercher à innover, savoir se planter, recommencer et Benjamin a vraiment le profil. »  

Didier

« D’un point de vue technique, je suis très curieux, je me tiens au courant de toutes les nouvelles technologies. J’ai donc souvent plein d’idées mais je ne prends pas toujours en compte tous les paramètres. Didier, avec son expérience, va réorienter, reposer les choses, et proposer des solutions plus efficaces. Notre différence d’âge ou d’expérience est un bon combo. Souvent les personnes qui ont plus d’expérience ne veulent pas changer des process qui fonctionnent mais Didier est toujours partant pour innover dans les process et ça c’est très appréciable. On apprend tous les deux. Par contre, je pose toujours plein de questions et je crains que ça le soûle mais il dit que non (rires). »

« J’ai trouvé auprès de mes jeunes collègues un moyen d’être encore un peu dans le coup. C’est grâce à elles que j’ai découvert il y a quelques années, la notion de non genré, non binaire etc. Pour un sondage auprès nos adhérents, j’avais mis la question ‘Etes-vous un homme ? Une femme ?’. Quand ils m’ont dit que la question était incomplète, j’ai éclaté de rire, comment pouvait-on être autre chose ! Ils m’ont expliqué les nouvelles identités de genre. Je me suis sentie très décalée et, pour le coup, assez « réac » face à leur bienveillance. »

Noelle
Emma

« Noëlle, c’est une deuxième maman, elle a le recul de l’expérience et aborde les choses avec beaucoup de légèreté, c’est agréable. Elle dédramatise les situations et sait s’adapter pour être à l’écoute. Bon évidemment, elle nous reprend sur les fautes d’orthographe, mais c’est normal. » 

3 astuces pour favoriser l’amalgame

1) Encourager la formation/transmission croisée : organiser des sessions où chacun.e partage et apprend des autres. 

2) Célébrer les bonnes pratiques et les réussites collectives : toutes les occasions sont bonnes pour mettre en évidence les apports des membres de l’équipe 

3) En somme faire du sujet de l’âge… un non sujet : dans une équipe qui vit et coopère bien, chacun.e se moque pas mal de l’âge des autres, non ?